La visite est terminée. Le groupe dîne sans attendre Frazier. Un camion vient les prendre peu après. Frazier apparait et vient leur serrer la main. Quand vient le tour de Castle, Il lui dit: « vous nous avez furieusement donné à réfléchir », celui de Burris, « revenez ». Après une demi-heure de route de campagne aux allures de vacances assis sur des balles de foin dans la boite du camion, ils arrivent à l’autobus. La séparation d’avec Mary et Steve se fait rapidement.
Burris se trouve une place seul à l’arrière de l’autobus, ce qui lui laisse le loisir de réfléchir. Le trajet est rapidement complété. Il se sépare de Barbara et Rogers qui restent en ville et se retrouve à nouveau seul avec Castle en attente à la gare. Là, il a droit au résumé d’un long discours où il faut deviner les bouts sautés: « D’un point de vue logique, psychologique et factuel, Walden Two est impossible, tôt ou tard, quelqu’un aura Frazier avant qu’il ne soit trop tard, l’histoire le démontre… l’ingénierie du comportement, c’est de la pensée magique… habilement masqué mais de l’embrigadement tout de même, il n’a pas lu Platon, Rousseau, John Stuart Mill… au point de vue naturel, la famille à un fondement biologique… ».
Burris sait ce que Frazier aurait répondu à ça: « Il n’y a rien de commun entre Walden 2, lui et des utopistes qui ont fait l’histoire… les procédés de modification du comportement existent, observez les vendeurs, les prêtres, les éducateurs… un vieux livre est un soulagement et une consolation pour qui échoue à découvrir dans un nouveau domaine de la science… le sens de la famille relève de la culture parce qu’il varie selon ces dernières. La famille n’est plus une unité sociale ou économique efficiente pour transmettre une culture saine, elle doit être remplacée par une communauté de dimension expérimentée… ».
Pendant que Castle s’excuse et se rend à la toilette, les pensées de Burris se mettent en ordre et prennent une direction. Il se surprend à se rendre au comptoir des colis pour y déposer ses affaires. Il s’enfuit, tombe dans un quartier minable qui n’a rien de commun avec la qualité de vie qu’il a observé à Walden Two. Il se rend ensuite dans un parc. Sur un banc, le titre d’un journal retient son attention: dignité de l’homme. La dernière version d’un discours prononcé par le président de son université y resasse des clichés, rien là cependant pour savoir de quelle façon atteindre les souhaits évoqués.
Burris prend conscience qu’il se contente de la routine quotidienne et systémique du monde de l’enseignement dans laquelle il est prisonnier. Son travail ne s’inscrit pas dans une perspective et un programme de changement de la société. Il faudrait partir d’une nouvelle conception de l’homme qui repose sur des connaissances scientifiques, conduise à une philosophie de l’éducation davantage reliée à sa pratique, recourt à l’ingénierie pour combler son vide technologique. Rien de moins qu’un retour à Walden Two s’impose pour lui. La vu des souliers usés d’un vagabon allongé sur un banc lui inspire l’idée que le retour se fera à pieds, comme en une longue et dure marche d’expiation.
Il retourne à la station faire un baluchon d’un minimum d’affaires et mettre en consigne le reste. Castle ne l’a pas attendu trop pressé de retourner à sa vie académique. Il se sent léger. En se faisant rembourser son billet de retour, il aperçoit sur le comptoir une copy de Walden. Il l’achète pour 25 cents. Il envoie un télégramme dont le premier jet est limpide à son président pour lui signaler sa défection. Au départ, la température plutôt confortable et le trottoir ne constituent pas un décor particulièrement en rapport avec son projet héroïque de chasse au renforcement positif.
Soudain, il lui prend l’envie de relire le dernier paragraphe de Walden qu’il avait toujours vu comme une inperfection obscure et mystique. Il vient de trouver un sens à « le soleil n’est qu’une étoile du matin ».
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