À l’intérieur, les enfants d’un à trois ans sont nus à l’exception de quelques uns qui portent un caleçon d’entraînement à la continence. Ils disposent de petites salles de jeux dotées de meubles liliputiens, de lavabos et d’espace pour l’habillement quand ils sortent. Ils dorment dans des petites alcoves semblables à celles dont ils ont bénéficié plus jeunes. En saison, ils passent leurs temps sous un porche équipé de carrés de sable, d’appareils à grimper et de balançoires.
Présentement deux préposées portant des paniers préparent un groupe de six bambins pour un pique-nique. Castle est surpris que les enfants laissés au centre ne manifeste pas de signe de jalousie. Mme Nash qui est arrivée à Walden Two à douze ans semble ignorer de quoi il parle. Ici, les bambins jouissent d’un entraînement génial qui réussit à réduire au minimum les émotions douloureuses ou inutiles et à promouvoir la joie, l’amour et le bonheur.
La tristesse et la haine et ses formes hautement chargées d’émotion que sont la colère, la peur et la rage ne sont plus de mise dans un environnement moderne. La jalousie est une forme mineure de colère. Ici, la jalousie n’est plus utile. Cela ne veut pas dire que chacun obtient nécessairement ce qu’il veut. La jalousie doit être éliminée et on s’y met. Ce n’est pas facile. C’est une question « d’ingénierie comportementale ». Frazier se serait retenu d’en parler plus longuement en soirée mais il ne peut se retenir.
Chacun de nous avons des intérêts qui entrent en conflit avec ceux des autres, c’est inévitable. Bambins, il faut apprendre à se maîtriser, à affronter bravement des situations aversives ou à se priver d’une satisfaction disponible pour son plus grand bien ou celui des autres quand la communauté l’exige. La théologie appelle ça acquérir une conscience, la psychologie le développement d’un super-égo.
En cette matière, les travaux de grands noms en morale ou éthique servent d’inspiration mais chaque époque a ses particularités, et l’environnement humain évolu. Il faut être ouvert à l’expérimentation plutôt qu’intraitable sous prétexte de révélation. Ainsi le principe « aimer ses ennemis » pour obtenir la paix de l’esprit s’il faut supporter l’inévitable, marque un tournant dans l’histoire de l’humanité. Jésus s’exerçait à l’émotion contraire: si quelqu’un est capable d’aimer ses ennemis ou de ne pas se soucier du lendemain, il est moins misérable.
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