Le lavage de vitre se fera en après-midi. Ensemble au déjeuner matinal Frazier annonce que l’avant-midi sera consacrée à la visite du quartier des enfants. En se rendant à la pouponnière, ils croisent un groupe d’élèves de 12 ans mais aussi parmi eux deux ou trois âgés de pas plus que 8, qui se livrent à la géométrie ou la trigonométrie, avec galon à mesurer et transit. Sur des tables à pique-nique où ont été installées de grandes feuilles de papier, les jeunes tracent au crayon feutre ce qui ressemblent à des figures euclidiennes. D’autres s’affairent à planter des piquets dans le gazon et à les relier avec des cordes. Ils n’en apprennent pas plus sur ce qui a court car Frazier les entraîne à la pouponnière d’un pas pressé.
En entrant, Mme Nash les accueillent en les avisant que la priorité ici est de protéger les poupons des infections courantes chez des enfants de moins d’un an élevés en groupe. Les parents viennent visiter leur enfant pratiquement tous les jours au moins pour quelques minutes. Ils peuvent amener leur bébé à l’extérieur si leur santé le permet. S’ils préfèrent, il peuvent passer du bon temps avec lui dans une salle de jeux attenante. Quelques uns d’entre eux travaillent régulièrement en ce lieu.
Les bébés croîssent seul à l’intérieur d’une petite chambre cubique semblable à un aquarium. Ce sont des alcoves insonorisées à ambiance contrôlées, maintenues à la température préférée du bébé, de 90 à 80 degrés selon l’âge, et à degré d’humidité confortable. Ils ne portent comme vêtement qu’une couche et il n’y a pas de couverture. On évite ainsi beaucoup de lavage et d’entrave à l’exercice. Le plancher est d’un plastique élastique qui n’absorbe pas l’humidité et qui se lave en un rien de temps.
Ces alcoves sont disposées à portée de femme sur les trois murs d’une petite pièce. Les pouponneuses surtout, mais on encourage la présence de pouponneurs, voient le bébé à travers une porte vitrée plutôt que les barreaux de la traditionnelle couchette. En passant les visiteurs voient un bébé récent qui dort sur le ventre. D’autres plus vieux sont éveillés et s’amusent avec des jouets. Près de la porte, un bébé se presse le nez contre la vitre et leur sourit. Mme Nash présente le sien, âgé de près d’un an, dormant dans un coin de son alcove.
À un ans environ, les chers poissons plus résistants aux microbes mais ignorant tout de la frustration, de l’anxiété ou de la peur graduent à la banbinerie où ils se retrouvent par groupe de trois ou quatre pour apprendre à socialiser. L’amour maternel, c’est à dire les baisers, les caresses et autres attentions de même nature sont données à profusion à la pouponnière et ne sont pas que de la mère mais du père et des membres de la communauté. Nous verrons de ce qui en est pour ce que les freudiens appellent « identification » au chapitre suivant.
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