En 1945, Rogers un jeune militaire et Steve son ami d’armée fraîchement démobilisés, se cherchent un lieu et mode de vie. Ce qui s’offre à eux actuellement ne correspond pas à leurs aspirations personnelles et civiques. Quand Steve lui parle d’un article qu’il a lu sur un projet de commune expérimentale intentionnelle, Rogers se souvient de propos tenus sur le sujet par un de ses professeurs.
Un bon matin, ils se rendent rencontrer ce professeur pour savoir où en serait le projet. Le maître se souvient peu de lui mais clairement et avec regret presque d’avoir digressé un jour sur des communautés utopiques. Il se rappelle d’avoir eu comme confrère Frazier l’instigateur du projet en question. Il n’a pas revu ce confrère depuis dix ans peut-être. La communauté se construit à moins de 100 kilomètres. Il lui écrit à tout hasard pour savoir s’il est possible de visiter.
2 – Visite guidée de 4 jours, à six
La réponse ne se fait pas attendre. Son ex-confrère l’invite avec enthousiasme, il recrute. Il peut accueillir 10 invités sans gêne. Les deux jeunes hommes, leurs amies de coeur, un collègue en philosophie et lui-même se rendent donc à cette communauté intentionnelle pour une visite guidée de quatre jours.
Après un train de banlieue, un dîner aux sandwiches et une heure d’autobus en sortie d’une grande ville, ils arrivent à un terminus. Ils y sont reçu chaleureusement par Frazier, le concepteur et instigateur du chantier. Ils pénétrent en familiale au coeur de la communauté construite en pleine campagne.
Chemin faisant, ils obtiennent du guide peu de détails sur les bâtiments qu’ils aperçoivent. Frazier les conduit à leurs chambres pour qu’ils y rangent leurs bagages et se reposent un peu, une pour Steve et Rogers, une pour Barbara et Mary et une troisième pour le professeur et le philosophe. Ameublement rustique, lit superposé, literie artisanale.
3 – Un habitat pour 1000 personnes.
Reposés, nos visiteurs et leur hôte Frazier entreprennent un tour du propriétaire avant d’aller prendre le thé. Chemin faisant, ils longent des moutons. Frazier en profite pour donner une première leçon de psychologie animale appliquée à l’utilisation des bêtes comme tondeuses. Il explique que le territoire de la communauté a été constitué en assemblant huit fermes. Leurs bâtiments ont servi de résidences au début.
Les visiteurs longent ensuite l’étang aperçu auparavant de la familiale. Il a été aménagé par les membres à partir d’un marais par la construction d’un barrage. De grands enfants s’y baignent, des canards s’y promènent. Au détour d’un ruisseau, nos visiteurs découvrent derrière une haie de pins des bâtiments qui servent d’ateliers. Ils arrivent finalement à l’unité résidentielle. Une passerelle fenêtrée en pente relie le quartier des enfants à celui des chambres personnelles des adultes. Des salles communes à proximité s’offrent à tous pour la rencontre ou le divertissement.
Le tout est conçu en fonction de l’hébergement, de l’alimentation, de l’épanouissement personnel, du développement communautaire et du divertissement d’environ mille personnes avec le moins possible d’exposition indésirable aux intempéries.
4 – Moment de bonheur pour Burris.
Le côté nord de la passerelle qui n’a pas de fenêtre sert de mur d’exposition. Des oeuvres inconnues mais d’une qualité remarquable y sont accrochées. Le professeur s’y attarde un peu et soudain, pris pour une autre personne, se retrouve entraîné dans un groupe d’amis qui se rendent à une fête. Il est envouté par la gentillesse et la conversation d’une jeune dame qui l’a invité à s’assoir près d’elle. Autour, les gens sont charmants, spontanés, distingués, mais comme sortis d’un autre monde, parlant un autre langage.
Reprenant ses esprits, il rejoint le groupe à un pallier de la passerelle. Une femme élégamment vêtue y invite Barbara et Mary à aller prendre le thé et parler vêtements. Frazier expose aux hommes comment un ingénieur en pratiques domestiques a remplacé la traditionnelle tasse et soucoupe par un grand verre dans une base de paille avec anse.
La formule a été expérimentée et adoptée pour prévenir le renversement de thé ou café du comptoir de service au lieu de consommation. Frazier se sert lui-même comme c’est la règle à Walden Two et invite ses compagnons à en faire autant. Pendant qu’ils procèdent, il conclut son exposé en soulignant l’importance de l’expérimentation pour l’élaboration de coutumes appropriées à la communauté.
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